Prudence Afanou 
À l’heure où les grandes agglomérations grossissent à vue d’œil, une nouvelle initiative s’installe : le Programme de développement urbain des grandes agglomérations du Togo que tout le monde commence déjà à appeler par son petit nom, Dugan.
Il veut donner un nouveau souffle à Lomé, à Tsévié et à Kara au cours de la prochaine décennie. Avec une enveloppe de 100 millions de dollars, soit près de 56,7 milliards de francs CFA étalés sur une décennie, le programme a les moyens de ses ambitions.
Il s’agit de moderniser les infrastructures de base, de faciliter l’accès aux services urbains essentiels, d’améliorer la mobilité, de renforcer l’assainissement et, surtout, de redonner aux grandes villes une allure plus harmonieuse. Le tout sous le regard attentif de la Banque mondiale, principal partenaire financier du projet.
Un programme pensé pour transformer les villes
Dugan ne cherche pas à faire simplement « plus d’infrastructures ». Le programme veut faire mieux : repenser les quartiers, réorganiser les espaces, anticiper les besoins des habitants. Une grande partie des interventions portera sur les centralités urbaines, ces zones stratégiques où se concentrent les activités sociales, commerciales ou administratives.
La ville de Kara a, par exemple, retenu l’attention des équipes du ministère de l’Urbanisme et de la Banque mondiale, notamment autour de la rivière qui traverse la cité. Le potentiel y est immense : aménagements paysagers, création d’espaces publics, équipements économiques… autant d’idées destinées à redynamiser le cœur urbain.
Pour affiner cette vision, une mission de terrain s’est déroulée dans les villes concernées, notamment Kara, Tsévié et Lomé. Cette descente permettait de rencontrer les autorités locales, de visiter les sites et surtout d’écouter les populations.
Le Pidu, un projet similaire qui montre la voie
Le Togo a déjà expérimenté un projet du même esprit : le Projet d’infrastructures et de développement urbain (Pidu), financé par la Banque mondiale et le gouvernement togolais, pour un montant total d’environ 16 milliards de francs CFA. Un chantier qui a fait ses preuves et qui sert aujourd’hui de modèle d’inspiration pour la nouvelle phase que représente Dugan.
Le Pidu a travaillé sur les villes de Lomé, Kara, Dapaong, Kpalimé, Tsévié, Atakpamé et Sokodé. Son approche a été très concrète : construction et réhabilitation de routes urbaines, ouvrages de drainage, réalisation de caniveaux, travaux d’assainissement et gestion des eaux pluviales, sans oublier le pavage dans certains quartiers, etc.
Les chiffres traduisent son impact : près de 142 000 emplois créés et environ 2,3 millions de personnes ayant bénéficié directement ou indirectement des interventions. Autrement dit, des routes plus praticables, des quartiers mieux drainés, des déplacements facilités, des environnements plus sains : autant de retombées qui changent la vie au quotidien.
Un autre chantier majeur
Le Projet d’amélioration de la sécurité hydrique en milieu urbain au Togo, plus connu sous le nom de Pash-Mut, lancé en 2023, se positionne comme un cousin naturel des deux autres. D’une durée de six ans, il est financé par la Banque mondiale à hauteur de 100 millions de dollars, soit environ 62 milliards de francs CFA.
Il vise à accroître l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, mais aussi à améliorer la qualité des services, à renforcer la performance opérationnelle du fournisseur d’eau du Grand Lomé et à optimiser la gestion des ressources hydriques.
Ce n’est donc pas un hasard si Dugan semble presque être la suite logique de ces précédentes expériences. Le pilotage institutionnel est mieux rodé, la compréhension des enjeux urbains est plus fine et les attentes des populations sont désormais mieux cernées.
