Longtemps portée par les cultures vivrières traditionnelles, l’agriculture connaît une mue, dont la filière soja est l’un des symboles les plus éclatants. En s’imposant comme un produit stratégique à la fois pour les producteurs, les exportateurs et l’économie nationale, le soja confirme de plus en plus son statut de culture d’avenir, capable de hisser le pays dans les circuits mondiaux du commerce agroalimentaire.
Dans toutes les régions, les zones de production du soja se multiplient à mesure que les agriculteurs, séduits par la rentabilité de cette culture, s’y engagent de manière croissante. Le soja, peu exigeant en intrants, adapté aux sols locaux et doté d’un cycle relativement court, offre aux exploitants un revenu plus stable que bien d’autres spéculations.
Cette attractivité encourage l’extension progressive des superficies, renforçant ainsi la vocation exportatrice du pays. Le dynamisme de la filière doit beaucoup à l’appétit du marché international, notamment en Asie où le soja togolais bénéficie d’une réputation grandissante.
Nouvelle campagne
Le pays a lancé la campagne 2025-2026 pour la commercialisation du soja. Le prix plancher bord champ du soja pour cette campagne est fixé à 220 francs CFA le kilogramme, avec un objectif d’un volume global estimé à 200 000 tonnes à commercialiser au cours de la saison.
Selon la Direction des statistiques agricoles, de l’informatique et de la documentation (DSID) pour l’année 2018, la filière soja employait près de 300 000 personnes au Togo de manière directe ou indirecte. Sa culture occupait près de 67 000 hectares, soit 38 % de la superficie consacrée aux légumineuses, ce qui en fait le troisième du Togo dans cette catégorie, au profit de 193 462 ménages agricoles.
Aujourd’hui, ces chiffres ont augmenté de façon soutenue. Le Togo est devenu un acteur incontournable dans la production et l’exportation de soja, en particulier de soja biologique. L’idée est de doubler la production d’ici 2026 pour atteindre 500 000 tonnes. Le pays est déjà le premier exportateur de soja biologique vers l’Union européenne.
S’agissant de la production, elle a considérablement augmenté, passant de moins de 25 000 tonnes en 2015 à 260 000 tonnes en 2024.
Efforts de transformation
Le gouvernement investit beaucoup dans la filière, notamment dans la transformation locale, afin de gagner de la valeur ajoutée, comme le montrent les initiatives prises sur la Plateforme industrielle d’Adétikopé (PIA). Une usine moderne de transformation de soja installée sur place à la PIA est opérationnelle depuis septembre 2023 et représente une étape clé dans la valorisation de la filière soja togolaise.
Elle transforme localement le soja cultivé au Togo en produits finis ou semi-finis, ajoutant ainsi de la valeur sur place plutôt que d’exporter uniquement la matière première brute. Les produits transformés à partir du soja incluent, entre autres, l’huile, la farine et les tourteaux de soja, qui sont très prisés sur le marché.
Aussi, connaissant le potentiel stratégique de cette filière, l’État multiplie les réformes visant à garantir une meilleure organisation du secteur. La création de mécanismes de contrôle, l’amélioration des circuits de collecte, la promotion des bonnes pratiques agricoles et la mise en place de standards de qualité relèvent le niveau général de la production.
